L'âne et le singe
Fable sur l'actualité
Un âne, au dos lourdement bâté,
Sur le parvis d'un marché,
Patiemment attendait son maître.
Désireux de pouvoir aller paître,
Ne vit pas venir à ses côtés
Un saltimbanque et son complice,
Un singe des îles éloignées,
Malicieux et par délice
Volant biens et moralité
Aux pauvres hommes et communauté.
Fuyant forces et police,
Depuis bien des temps, semble-t-il, leurs larcins sévissent.
Mirant le sol et ses sabots,
L'âne ne vit pas les voleurs
Manigancer leur prochain leurre.
Le singe surprit l'âne en grimpant sur son dos,
Racontant à qui l'entend
Que cet âne si tranquille est, en vérité, un champion de célérité,
Qui peut battre de vitesse
tous étalons et juments,
Dans une course remplie de célébrités.
Le singe parle à l'âne comme à une altesse,
Le persuadant de ce rêve
Qu'un âne peut battre à la course
Un cheval valeureux.
Le singe conquit les badauds
De le défaire de son fardeau.
L'âne n'en croit pas ses yeux.
" Et si ce singe malicieux le clame,
C'est bien que cela est vrai. "
Cherchant tout au fond de son âme,
Il accepte de relever le défi.
Le singe dit à l'âne : "tu ne peux pas te nourrir de l'ivraie,
Tu mérites mieux qu'une couche, mais un lit.
Cours pour nous et la gloire,
Nous chanterons ta victoire".
L'âne et les badauds
S'enflamment à ces propos
Et convaincus par le singe,
libèrent l'âne et le couvrent de linges
Des plus belles soieries
Comme le serait un champion accompli.
L'effervescence monte dans les esprits
Et le singe récolte les paris.
La foule escorte l'animal drapé.
Le primate prépare son échappée.
L'homme et le singe rient encore de leur crédulité
Tandis que l'âne et la foule foncent vers la stupidité.
Le saltimbanque et son singe remplissent leurs poches.
Ruant de joie, l'âne fantoche
Regrettera bien après,
Autant que les dadais,
D'avoir cru en un singe bien malin,
Capable de convaincre une assemblée qu'un âne peut vaincre un poulain.
Les hommes abandonneront toujours leur sagesse
Pour de vaines promesses.
Que ce soit un singe ou un homme,
Il y aura toujours des foules qui en auront pour leur pomme.
N'écoutez pas les discours de celui qui s'agite et flatte votre égo,
Car ce n'est pas pour alléger votre fardeau.
Jean De La Fontaine
Petit complément ajouté par Jean à la fin de la fable :
"Restez à l'écoute de votre âme et non de l'âne qui continue à croire aux discours du macaque politique."
Reçu en séance de ouija
le 21 avril 2024
par Sylvie Chevalerias, François Cavarec, Chantal et Guy Faverdin
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