Cochon ou sanglier ?

Fable sur l'actualité

Cochon de ferme et sanglier
Ne sont pas vraiment familiers.
Si dans leur allure
Et dans leur posture
Ils semblent si près de vivre,
Dans leur grande nature
Ils évitent de partager pâture.
L’un domestique et l’autre libre.
Profitant d’une faille
Dans le vieux portail,
Maitre porcin, sans hésitation
quitta sa douce habitation.
Dans le bois avoisinant,
Le sanglier l’interpela.
« Qu’as donc tu fait de tes dents
et de ton pelage d’apparat ?
Tu sembles bien nourri
Et cependant, tu parais affaibli.
Tes poils sont tombés,
Ta queue est tourbillonnée.
Quelle est donc cette maladie
Qui ainsi te cloître dans ton lit ?
- Je ne suis point malade et mon fermier prend soin de moi.
Mais toi, pourquoi te caches-tu dans les bois ?
- Les bois sont ma demeure.
Ta ferme est une horreur
Car sans liberté d’aller et venir
Toute attente de bonheur ne peut exister.
Bien des rêves sans avenir,
Pour toi, mon cousin dépouillé.
À l’orée de mon âge, j’ai tant voyagé.
Dans ta paillasse si ancienne,
Tu n’as fait que rêver.
- Mais que veux-tu que je devienne ?
Alors que toi, tu cherches ta pitance,
Moi, je me remplis la panse.
- Ainsi donc, tu remets ta souveraineté
Pour un peu de sécurité ? »
Le porc, sans voix,
Avança dans les bois,
Suivant son cousin.
« Ci-bas, mon ami, tu découvres mon domaine.
Plus haut, mon ami, tu comprendras ton destin.
Viens voir où je te mène. »
L’animal, un peu déconcerté, prit son courage à son groin
Curieux de voir ce seigneur, dans son quotidien,
Et ainsi, sans véritable conviction,
Vivre un instant sans condition.
De baies en fleurs et de racines en bourgeons,
Seigneur des bois entraine le cochon.
Dans un moment de paix et de sérénité,
Cochon se met à rêver.
« Maintenant viens avec moi sur la colline.
Allons voir tes copains et copines. »
Assis ensemble sur les hauteurs,
Une larme les rejoint, quand au loin un convoi se prépare.
Cochon voit nombre des siens
Sous les coups monter dans un train.
« Mais quel est donc ce départ ?
Pourquoi tant de terreur ?
- Vois-tu, mon ami, le destin qui est le tien ?
Ta liberté n’est qu’un leurre.
Mon chemin est parfois dangereux
Et semble terrible à tes yeux.
Mais pour rien ni personne,
Je ne changerai rien.
Alors que le glas sonne,
Je te partage mon bonheur.
Reste avec moi
Et tu seras Roi. »
Le cochon, acceptera-t-il
Confort ou liberté ?
Comme lui, dans votre intimité
Saurez-vous choisir décors et confort futiles
Plutôt que souveraineté ?
Les hommes et les cochons n’ont pas grandes différences.
Conduits souvent par leur arrogance, 
Ils en oublient leur divinité.
Mieux vaut être sanglier et pourchassé
Que cochon bien engraissé.

Jean De La Fontaine

Reçu en séances de ouija
les 18 et 19 février 2023

par Sylvie Chevalerias, François Cavarec, Chantal et Guy Faverdin, Gilles et Patricia Martin

380568 visites Dernière modification : 11/11/2024 à 11:57
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Votre commentaire

18/09/2023 07:42:05
Emma4.martin, le plaisir est encore bien plus grand en recevant cette fable via une planche ouija, vous vous en doutez. La lecture des déroulé des séances sont également très riches d'enseignements.
18/09/2023 03:23:07
Elle est extraordinaire ! quel immense plaisir de lire une si belle écriture!